En quelle année a eu lieu mai 68?

“Et si pourtant Dieu existait?
…il faudrait s’en débarrasser !
“Répondait Léo Ferré à la question qu’il venait de poser.
Cette question, nous nous la posons probablement souvent au cours de notre vie, probablement avec d’autres mots… (en tout cas ceux d’entre nous qui se sentent avoir le droit de la poser… à considérer d’ailleurs qu’il s’agisse vraiment d’une question… on pourrait aussi opter pour un constat d’impuissance à savoir…)
Léo Ferré y répondait donc même de manière plutôt tranchée, dans cette chanson “Le chien” des années “Mai 68”.

Ce matin, au réveil, ce sont ces premiers mots qui ont fait suite au sommeil et son accompagnement de rêves dont je m’extrayais en douceur…
Et tout de suite m’est venu : “Il faudrait lui faire entendre raison”! (ma réponse alternative)
Etait-ce parce que la veille j’avais dialogué avec une personne qui avait, justement, partagé sa souffrance de se retrouver là où elle en était, et qui m’avait dit, je résume : “Et ce Dieu, si tout va mal, pourquoi n’intervient-il pas quand même, même s’il veut nous laisser libres?”

Et donc j’ai naturellement continué d’élaborer autour de ce beau sujet de dissertation pour les élèves du bac philo et les élèves de la vie :
“Et si pourtant Dieu existait… il faudrait lui faire entendre raison”
Voici alors un peu les pensées qui me sont venues à l’esprit, alors que différentes parties de moi-même se renvoyaient la balle :

  • Lui faire entendre raison…
  • Mais il entend peut-être raison
  • Y a-t-il quelqu’un au bout du fil? (Oui, l’aiguille)
  • Et s’il entendait raison et intervenait pour nous illuminer d’un “Bon sang, mais c’est bien sûr” qui nous modifierait instantanément tous en même temps, pour nous faire retrouver une harmonie partagée que nous mettrions en œuvre immédiatement, quelle en serait la couleur, et qu’adviendrait-il?
  • Et s’il nous retournait la question, si c’était à nous, en fait d’entendre raison, de chercher et trouver cette illumination? Ou les solutions concrètes? Ou les deux?
  • Dans notre extraordinaire faculté de nous cogner sur tous le murs de la réalité sans pour autant toujours en tirer les bonnes leçons, pourquoi ne retirons-nous pas, et n’appliquons-nous pas, les conclusions et les comportements adéquats? (murs : je veux parler de ces murs des “labyrinthes mouvants” constitutifs de notre “cadre de vie”/”du monde extérieur” à tous les niveaux, dont vous n’avez pas fini d’entendre parler, avec moi)
  • Je disais donc, en gros : pourquoi on fait pas ce qu’il faut pour résoudre tous les problèmes? C’est probablement parce que :
    • Nous ne nous cognons pas dans les mêmes murs.
    • Et quand c’est dans les mêmes murs, ce n’est pas au même moment, ni dans le même ordre.
    • Nous ne nous posons cette question et n’y apportons des réponses que quand nous avons du temps pour réfléchir, mais dans cette société, nous sommes “en réaction” face à l’explosion des sollicitations de ce qui nous entoure. Pas en action pour résoudre les problèmes. Et si par aventure nous le sommes, c’est plutôt
      • pour résoudre un petit problème individuel, dans une attitude défensive, que
      • pour résoudre un grand problème collectif, de manière collaborative. Et déjà, collaborer avec qui?
    • Nous nous sentons extraordinairement impuissants : les rares fois où nous avons essayé, nous nous sommes cognés.
    • Nous sommes ainsi faits que notre intérêt particulier semble devoir toujours primer sur l’intérêt général (qui est pourtant aussi un de nos intérêts particuliers)
    • Peut-être pourrait-on mettre cet “intérêt général” tout en haut de la pyramide de Maslow (je vous laisse chercher sur Internet), comme un échelon supplémentaire, qui, après le spirituel, nous ramènerait à la réalité, et au pouvoir de l'”action juste”, celle qui répond le mieux à la mise en application du “sens de notre vie”
    • Nous n’arrivons pas à intégrer à notre réflexion plus de deux ou deux et demi concepts pour les examiner en perspective les uns des autres.
    • etc
  • Au final, Dieu (s’il existe) nous laisse peut-être justement libres d’entendre raison ou non, avec la responsabilité qui va avec.
  • D’ailleurs n’entendons nous pas raison? Ne partageons-nous pas tous (à peu de chose près) cette pensée : Il faudrait faire en sorte d’arrêter toutes ces guerres, et vivre en bonne harmonie en laissant à chacun sa place, une place qui ne lui donne pas l’impression d’être rabaissé au niveau le plus inférieur?
  • Oui mais n’y a-t-il pas comme une incohérence avec une autre vérité qui est souvent la nôtre : “Oui mais ma petite place au soleil pour laquelle j’ai lutté durement, pas question d’en donner une partie aux autres, elle me revient de droit”. Et c’est là le problème, les ressources étant finies, il faut bien les partager…
  • Tant que cela se passe ainsi, que cela va dans ce sens, pour nous, tout va bien (je cite mon ami Christian B.) : “Il faut partager… Tout ce qui est à toi est à moi… donc c’est à moi… Ah ben non, maintenant ce n’est plus à toi.” 🙂
  • Ce qui appartient à l’un ne peut appartenir à l’autre, en tout cas pour tout ce qui est matériel…
  • Et on voit bien que partager les ressources, que ce soit égalitairement (le communisme n’a pas fait ses preuves), ou libéralement (le libéralisme non plus), ou d’une manière intermédiaire encore à trouver (les pays font des expériences, mais tous sont malgré tout pris dans le maelstrom de la mondialisation qui impose peu ou prou des règles et/ou des conséquences).
  • Et donc, ce partage qui reste à faire, il faut bien s’en faire une idée au plan individuel réaliste, si on veut le mettre en œuvre, et être en mesure d’accepter cette mise en œuvre, puis faire en sorte de voir si cette idée est diffusable, voire virale…
  • Mais bon, les Suisses, en tout cas, ont voté, sur ce sujet, en 2013… voir :
    http://www.tdg.ch/suisse/Les-Suisses-refusent-de-limiter-les-hauts-salaires/story/18898676
    qui nous dit que
    “La Suisse n’imposera pas un plafond aux salaires des top managers. Le peuple a refusé dimanche l’initiative populaire «1:12 – pour des salaires équitables» par 65,3% des voix. Aucun canton ne l’a acceptée,…”
    il est vrai qu’un écart de seulement 12 fois entre le salaire le plus bas, et le salaire le plus élevé était peut-être un peu faible, et/ou, qu’il aurait fallu introduire dans l’équation le nombre de salariés. En effet, il peut sembler plus normal que dans une plus grande entreprise, il puisse y avoir une plus grande disparité de salaire… (au moins dans un premier temps… ou non…)
  • Et la notion de “mérite” dans tout cela? Cela commence déjà à faire beaucoup d’inconnues pour notre équation de je ne sais quel degré, qu’il faudrait pourtant bien résoudre, même “bien”, à défaut de “mieux”, à moins que ce ne soit le contraire…

En définitive, que Dieu existât ou non, qu’il nous laisse libre ou non, que nous soyons libre ou non, nous pouvons lutter pour:

  • Acquérir plus de liberté et de connaissances individuelles.
  • Essayer de nous mettre d’accord sur les grandes valeurs à défendre
  • Voir en face les contradictions qui peuvent exister quand on tente de mettre en œuvre un sens à notre vie, une lutte pour des idéaux selon qu’ils sont placés sous le drapeau de telle ou telle valeur. (par exemple, il est difficile de satisfaire à la fois la valeur “Egalité” et la valeur “Liberté”, à la lumière de ce que nos instincts nous dictent. [Pour ceux qui voudraient poursuivre cette réflexion, voir le film “Mon oncle d’Amérique” d’Alain Resnais (c.f. biliographie tout en bas)], et, je reprends, il est donc difficile de :
    • Trouver des moyens de surmonter ces contradictions par notre bon sens qui suffit amplement, ou du moins devrait amplement suffire.
    • Confronter notre pensée, et nos actions, aux pensées, et aux actions des autres pour voir si une remise en question, soit de nous, soit des autres, ne serait pas souhaitable. (Etant entendu que même si nous avons plus de pouvoir sur nous-mêmes que sur les autres, si nous pensons avoir raison, il n’y pas de raison de ne pas le dire aux dits autres.) (Etre tout de même conscient de la prise de risque, car certains autres ne sont pas des enfants de chœurs ! Et c’est la d’ailleurs qu’une action collective/collaborative à inventer, que ce blog voudrait promouvoir prend tout son sens)

P.S. La réponse à la question titre : en 1968, bien sûr. (Pas en 1868, ni en 1768, encore que… on pourrait arguer que cette journée a aussi eu lieu ces années là, et bien d’autres se terminant par “68”… et dans 51 ans on pourra ajouter 2068 à la liste…
Cela fait tout de même déà une vingtaine de mai 68 à travers les siècles… sans compter ceux “avant J-C”… Donc bravo à ceux qui auront “argué” dans ce sens…).
Pour en revenir à mai 1968, il s’est préparé dans les années précédentes et s’est (un peu) poursuivi les années suivantes. L’esprit de l’époque était de vouloir faire “participer” tout le monde non seulement au travail, mais aussi aux rémunérations apportées par les plus-values, et de n’accepter que du travail moralement vraiment utile, et de mettre “l’imagination au pouvoir”. On voit ce qu’il en reste! Et pourtant, si tout cela (cette mini-révolution avortée) n’avait pas eu lieu, où en serions-nous aujourd’hui?

Bibliographie:
Arrivé à cette partie de mes réflexions, je me suis dit qu’il fallait tenter de retrouver la phrase exacte de Léo Ferré, pour la voir dans son contexte, et j’ai eu de la peine à la retrouver, car je m’étais un peu beaucoup trompé.
Le texte exact, dans la chanson “Le chien” est en fait celui-ci :

Et si vraiment Dieu existait
Comme le disait Bakounine
Ce Camarade Vitamine
Il faudrait s’en débarrasser

Et donc la phrase ne mentionne pas de “pourtant”, mais un “vraiment”, de même qu’elle nous livre sa source bibliographique, dont j’ignorais qu’elle remontait jusqu’à Bakounine (que je n’ai jamais lu, ou pas encore à cette heure).

A propos de “Mon oncle d’Amérique”
voir aussi : http://www.elogedelasuite.net/?page_id=393
et surtout :
http://www.philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Laborit_MonOncleDAmerique.htm#_ftnref1
(ligne précédente à copier, puis coller dans votre navigateur, telle quelle)
Lire ce que dit Laborit dans le film, lentement, car chaque mot me semble important.